Malgré les efforts du constructeur, de mes confrêres revendeurs et moi-même, de nombreuses interrogations, souvent légitimes, subsistent quant à ces panneaux. Je ne vais pas me lancer dans un cours magistral ou vous imposer ma parole "divine", juste vous faire part de mes expérimentations et impressions. Sous forme de questions souvent posées, mes réponses seront fondées sur mon expérience de ces diffuseurs.
Les panneaux sont difficiles à régler:
Non, absolument pas, ils sont seulement pointus à installer. Tout d'abord, il est impératif de les éloigner du mur arrière d'au moins 70 / 80 centimètres. Comme leur nom l'indique, ils émettent en dipôle. Le son est émis à l'identique vers l'avant et l'arrière. Ceci permet de bénéficier d'une transparence inégalée et de s'affranchir totalement du son de boite d'une enceinte traditionnelle. Et pour cause, il n'y a pas de boite !. Le volume de "bafflage", c'est la pièce, et plus particulièrement, le volume d'air qui entoure les panneaux.
Ceci posé, il convient, comme n'importe quel système, de régler l'écartement et l'orientation des diffuseurs par rapport à la zone d'écoute. Là encore, on peut être un peu dérouté au départ, car, du fait de la double émission, ils ne réagissent pas comme une enceinte classique. Dans mon cas, le fait de resserrer l'angle vers l'auditeur a augmenté la largeur de scène. L'inverse de ce qu'on constate en règle générale. Mais, une fois trouvé le positionnement idéal, par exemple, la chanteuse centrée, la scène globale prend une dimension inhabituelle.
Les panneaux sont difficiles à alimenter:
Mes dp 77 sont alimentés par un intégré YBA Héritage, de 2 x 100w, classe AB, et mes 140 par son grand frêre Genesis IA3, à peine plus puissant. Les deux systèmes fonctionnent parfaitement, car ces amplificateurs sont dotés d'alimentations bien dimensionnées et stables. J'ai eu l'occasion d'écouter d'autres amplificateurs, dont aucun n'était un monstre de puissance, et à chaque fois, le résultat était à la hauteur. Bien sûr, un petit ampli de 2 x 30 w avec une alimentation un peu maigre aura du mal à suivre, mais il n'est pas impératif de les associer à un monstre hors de prix.
Bien sûr, si les moyens financiers vous le permettent, monter en gamme coté amplification poussera le système encore plus loin. Mais aussi à condition que le câblage suive la même montée en gamme.
La plus belle écoute de mes 140 s'est effectuée avec le couple de blocs mono Kallyste Duel et le pré de la même marque Defi. Là, on a changé de monde pour entrer dans le très haut de gamme. Si la facture globale est montée sensiblement, on est resté loin de certains délires haut de gamme, qui, à part l'orgueil de leur propriétaire , ne se justifient pas forcemment musicalement.
Les panneaux sont encombrants:
L'écartement par rapport au mur arrière de 80 cms en moyenne est vu comme une contrainte. Mais, prenez le cas d'une grosse colonne, ex une BW 702. La profondeur de ce genre d'enceinte est souvent de 30 /40 cms, voire plus. Elles sont pour la plupart d'entre elles, dotées d'évent (s) à l'arrière pour le bass reflex. Si vous les collez au mur, le grave devient proéminent et lourd. Une cinquantaine de cms par rapport à l'arrière est le minimum. Bilan: 80 cms du mur arrière. Match nul. Ces 80 cms derrière les panneaux, pourquoi ne pas les utiliser en positionnant par exemple une petite bibliothèque avec des livres, qui en plus de leur aspect esthétique, amélioreront le son en diffractant les réflexions.
Les panneaux ressemblent à des radiateurs:
Vous avez le choix entre 80 couleurs de fintions pour les grilles et 4 pour les montants en bois, plus des tissus acoustiques et la possibilté de personnaliser ces tissus avec vos propres photos. Imaginons que vous peigniez des aquarelles, envoyez un fichier photo de vos peintures et les panneaux disparaitront du paysage, intégrés à vos tableaux.
Les panneaux ne sont pas faits pour la musique moderne:
Du fait de leur conception, la réponse impulsionnelle est ultra rapide. La membrane reproduit l'ensemble des fréquences, excepté les aigus, confiés au tweeter hybride, avec donc la même rapidité sur toute la bande passante. La conséquence est une propreté de l'ensemble de la diffusion sans le moindre décalage. Pas de distorsion, une réponse immédiate à toutes les sollicitations, en conservant un sens aigu du détail, et un grave, s'il ne vous percute pas le plexus, qui reste le plus propre que j'ai entendu. Et, contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là, l'intégralité de la bande passante est conservée intacte même à très bas volume. Vous pouvez vous faire un petit AC / DC à trois heures du matin, sans frustation et sans réveiller tout le quartier.
Les panneaux ont un swett point très précis:
Si les dp 77 sont un peu plus exigeantes sur ce point, les dp 140 ne sont pas plus directives que des enceintes classiques. Peut-être même un poil moins. Le tout est de peaufiner le réglage, ensuite on peut se déplacer d'un coté à l'autre sans que la stéréo ne se décale excessivement. A noter un point amusant, avec les dp 140, le fait de se déplacer de la zone d'écoute vers les panneaux en restant centré permet de conserver la stéréo y compris en arrivant entre les panneaux. Ca ne sert à rien, mais ça en dit long sur le degré d'étude qui a présidé à leur conception.
Les panneaux ne font pas de grave:
Les personnes qui font cette remarque sont généralement habituées au grave des enceintes traditionnelles. Aucune de ces enceintes ne peut approcher la propreté et l'homogénéité du grave des Diptyque. Bien sûr, il faut laisser ses à-priori au vestiaire, et prendre le temps de s'habituer à la restitution sans artifice des panneaux. Le grave est là, sans conteste, y compris à bas niveau ( ce qui n'est pas toujours le cas ), mais ce qui déstabilise, c'est qu'on l'a rarement entendu avec une telle netteté. Un petit peu comme quand on regarde une photo prise avec une optique de très haut de gamme qui permet de percevoir des détails noyés dans le flou habituellement. Il faut prendre le temps d'écouter afin de se rendre compte que le vrai grave, ce n'est pas faire trembler les murs. On n'est pas au cinéma, là !
Si l'amplification et le câblage sont à la hauteur des panneaux, si l'installation est bien réalisée, si tous les éléments sont rodés et bien alimentés en courant secteur propre ou nettoyé, alors le grave est d'une justesse phénoménale. Et si malgré ça, vous trouvez que le grave est trop léger, on pourra bientôt leur adjoindre ..... le panneau de graves Diptyque Audio!
Les panneaux sont fragiles et nécessitent un entretien régulier:
Ne pas confondre avec les Electrostatiques qui demandent un dépoussièrage régulier de la membrane. Ici, c'est le principe isodynamique qui fonctionne. Un petit coup d'aspirateur tous les six mois, plus pour l'hygiène qu'autre chose d'ailleurs. Quant à la fabrication, elle est à toute épreuve, les grilles sont en métal et ne craignent pas les petites mains des bébés.
En conclusion, ces panneaux sont avant tout des diffuseurs haut de gamme, mais chacun dans son segment. De 2900 à 15000 €, les quatre modèles de la gamme permettent de profiter de leur rendu exceptionnel dans des pièces de 20m2 jusqu'à 90 m2. La gamme est parfaitement étagée en ce sens, le tout étant de choisir le modèle en fonction de la zone d'écoute. De la zone, pas forcemment de la pièce !. Vous pouvez avoir une zone d'écoute privilégiée de 25 m2 dans une pièce de 50m2 !
Encore une fois, privilégiez l'écoute aux commentaires sur Internet. Le reste est superflu, seule compte l'émotion que vous ressentirez.
A bientôt.
Diptyque Audio : réflexions au long cours
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